• 04- Céris aux yeux pers

     

     

    Mes compagnons et moi, arrivâmes sur l'île, Lacos. Sur cette île paisible aux mille verdures et aux trois lacs mystérieux, vivait dans une maison verdoyante, aux mille rayons, une femme, nommée Céris.

    Elle était immortelle, avait une belle morphologie, les cheveux châtain clair et elle était plutôt jeune.

    On la surnommait :   "Céris aux yeux pers".

    La jeune femme faisait tomber tous les hommes sous son charme. Mes compagnons et moi allâmes à sa rencontre et nous lui demandâmes si nous pouvions rester sur son île quelques jours le temps de nous reposer et de nous ravitailler. Elle accepta, mais pour nous faire don de son hospitalité, le plus courageux d'entre nous devait affronter trois épreuves et je me désignai, puis m'exclamai :

     

       Qui es-tu? Quelles sont ces épreuves?

     

    La jeune femme aux yeux pers lui répliqua :

     

      -Je suis Céris, Poséidon m'a donné la mission de vous proposer trois  essais et si tu ne réussis pas, jamais tu ne retourneras sur ton île Ithaque et Hadès t'enverra dans le Tartare pour toujours!

     La première épreuve est de me raporter l'oeuf en argent de Laricos. Laricos est un monstre à la tête d'homme et au corps de serpent. Il a trois yeux et quatre bras. Il voudra impérativement te dévorer car son oeuf est précieux, personne ne sait exactement ce qu'il y a à l' intérieur. Pars maintenant, il se trouve au premier lac.

     

    Je m'y rendis le coeur serré, pensant à ma femme et mon fils .Mais quand j'eus quitté l'île de Circé, la magicienne m'avait donné un flacon où dedans se trouvait un breuvage qui permettait de réaliser un voeu.

    Je bus le breuvage et fis le voeu d'être invisible le temps de mon épreuve.

     

    Je plongeai dans le lac et instinctivement, me voilà invisible.

    Me voici donc, face au cruel Laricos, puis je m'écriai :

     

       Houhou !  Je suis là ! Viens donc essayer de me dévorer, sinon je volerai ton oeuf !

     

    Laricos surpris, cria :

     

    -Qui es-tu ?! Jamais tu ne pourras prendre mon oeuf!

    - Je suis invincible, puis aucune ruse ne marche sur moi!

     

    Je criais dans tous les sens, le monstre faisait des aller retours sur lui-même, mais jamais il ne me vit, malgré ses trois yeux.

    Fier de mon astuce, je m'emparai de l'oeuf et remontai à la surface.

     

    Céris me vit, resta bouche bée et marmonna :

     

    -Tu as remporté cette épreuve .Ta deuxième épreuve est de tuer les oiseaux du lac Stympineses .Ce sont des oiseaux cruels aux griffes acérées et aux grandes ailes. Ils se trouvent dans le ciel couvert, du deuxième lac.

     

    Je m'y rendis, seul, et voilà qu'une ombre apparut dans les nuages. Puis les nuages se disipèrent et une silhouette apparut.

    C'était le dieu de la musique et de la lumière,  Apollon. Il me chuchota à l'oreille :

     

    -Ulysse aux mille ruses, toi dont j'admire le courage et la patience, prends ceci avec toi , il te sera utile.

     

    Puis il disparut dans le brouillard.

     

    Apollon m'avait donné un arc en or, avec des flèches en acier.

    Arrivé au deuxième lac, je montai sur une nef et je me lançai sur les flots du lac, puis le doux zéphir m'enmena au milieu du lac et j'entendis un fracas.

    Au-dessus moi,j'entendis des battements d'ailes, et vis les griffes tranchantes des oiseaux.Ils poussaient des cris épouvantables, semblables à ceux d'un homme en train de mourir. Leurs cris me firent penser à mes compagnons que je perdis au cours de ce périple.

    Le coeur triste, mais déterminé, je saisis l'arc en or, et visai les oiseaux sanguinaires. Du premier coup j'en touchai un. Mon épreuve dura une journée entière. J'étais à bout de force, il me restait juste un cruel oiseau à tuer. Puis je pris mon arc, saisis ma dernière flèche, et visai. Mon bras tremblait, et mon mental allait bientôt flancher.

    Sans savoir pourquoi, le dieu de la lumière intervint, tua l'oiseau, puis repartit.

    Soulagé, je m'assoupis sur la barque. Céris vint me chercher sur l'esquif.

     

    Le lendemain, Céris aux yeux pers me réveilla d'un air narquois et s'exclama :

     

    -Valeureux guerrier, réveille-toi! C'est l'heure de la dernière épreuve. Ta dernière tâche sera de répondre  à une énigme posée par Oedigone, un vieux sage aveugle. Il se trouve sur le troisième lac, sur un écueil, nommé Charisis. Pars maintenant.

     

    Je courus au troisième et dernier lac, pris un radeau et allai sur les flots du lac. Je vis Charisis, l'écueil, et lui criai :

     

    -Laisse-moi passer ! Je suis Ulysse, je viens répondre à l'énigme de Oedigone !

     

    -D'accord, je te laisse passer, et bonne chance,dit-il d'un ton moqueur.

     

    J'aperçus le vieux sage et lui demandai :

     

    -Quelle est ton énigme? Je veux y répondre !

     

    -Du calme! Mon énigme, la voici :

     

    " Quel est l'être vivant qui marche à quatre pattes le matin, deux à midi et trois le soir ? "

    Tu as tout ton temps,mais si tu échoues, tu iras directement au Tartare !

     

    Je réfléchis pendant plus de deux jours, me creusant la tête mais je trouvai la réponse et dit :

     

    -L'homme, car il marche à quatre pattes étant bébé, puis il se déplace sur deux jambes au cours de sa vie,et enfin il utilise une canne étant vieux.

     

    -Très bien Ulysse, félicitations, ton intelligence a porté ses fruits. Tu peux partir maintenant.

     

    Je repartis, rempli de joie en chantonnant, puis la douce brise me ramena à la terre ferme.

     

    Céris, étonnée de me voir encore en vie, me chuchota :

     

    -Tu peux rester sur mon île quelques jours, je t'accueillerai avec hospitalité. Bravo.

     

    Fiers, mes compagnons et moi, restâmes huit jours sur l'île, et repartîmes sur les flots avec une maxime :

     

    "L'intelligence et la ruse surpassent la félonie des dieux"...

     

    Alix Malé